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Allez, s’il te plaît, pour me faire plaisir…

Qui n’a jamais entendu cette phrase étant enfant ? De mon observation peu d’entre nous, c’est même une phrase qui s’entend toujours dans certaine famille.

Vous me diriez peut-être : « Oh, qui y a-t-il de si grave ? »

On pourrait effectivement faire comme si c’était normal de forcer Lucas à faire un bisous à mamie, au cas où elle se vexerait ou que sa maman se sente gênée ou honteuse devant sa propre mère.

Ou de le forcer à finir son assiette, juste pour faire plaisir à papa, ou pour le rassurer.

Alors oui nombre de parents malgré eux force leur enfant par convention sociale ou familiale ou même par peur de.

Oui, bien sûr, les enfants n’ont qu’à faire ce qu’ils veulent. Maintenant de nos jours il paraît que les enfants sont roi, diront certains.

Alors quoi, on reproduit, on refuse d’évoluer et on reproduit ?

Eh bien non, pourquoi ? Je vous apporte mon point de vue sur la question. Vous êtes prêt ?

En avant, pour regarder à la loupe ce qui se passe réellement en sous-marin lors de ces situations.

C’est parti !!

Lorsque l’on force un enfant à faire quelque chose contre sa volonté, quelle pourrait être sa petite voix à l’intérieur ?

« mon avis ne compte pas », «  on s’en fiche de ce que je peux ressentir », « tu ne sais pas ce qui est bon pour toi, l’autre, l’adulte oui, pourtant à l’intérieur de moi, ça me fait non »

Pour l’exemple du bisou de convenance à un adulte que l’enfant connaît ou pas. L’important c’est déjà de reconnaître le « mal » « aise » de l’enfant. Et oui, il n’est pas à son aise à cet instant. Soit par ce qu’il est timide, ou a peur de la grosse voix, moustache du grand monsieur etc. Les enfants perçoivent le monde extérieur différemment de nous adultes. Eux, le voient depuis leurs quelques cm, donc tout paraît plus grand.

Et le lien affectif dans tout ça ? Il a refusé de faire un bisou à mamie quand même.

Aïe ! L’enfant ne s’encombre pas avec ce genre de convenance. Avant 7-8 ans, le cerveau de l’enfant réagit uniquement dans l’instant présent, essentiellement avec son cerveau dit primaire ou émotionnel.

Le petit enfant est donc un être sans filtre et qui est avant tout dans son plaisir. S’il était en train de jouer, ça n’était juste pas le bon moment pour lui.

Donc en tant qu’adulte, à nous de montrer l’exemple et de nous comporter comme des adultes. Exit la réaction de « vexerie » mal placée, ça ne sert à rien de le prendre personnellement. Et encore moins de faire du chantage affectif. En tant qu’adulte il est nécessaire que nous sachions gérer nos propres frustrations. Nous pouvons bien entendu l’exprimer de façon adaptée à l’enfant.

Alors que pouvons-nous faire en tant qu’adulte pour accompagner ce genre de moment, où oui, nous adultes rêverions d’être partout sauf là. Et de surcroît d’avoir l’impression d’être catalogué mauvais parent.

Hein ? Qu’est-ce qu’on fait ?

Et bien on apprend à notre enfant ce qui s’appelle l’empathie et la reconnaissance des émotions, les siennes et celles des autres. Des notions qui lui serviront toute sa vie.

Nous pourrions lui dire par exemple :

« qu’est ce qui se passe Arthur ? Tu te caches ? Tu es timide ? Tu as peur ? »

Au début, l’enfant ne vous répondra pas, c’est normal. Par contre cette réaction de votre part l’amène à voir à travers vous que ce qu’il ressent à l’intérieur à un nom, que ça existe et qu’il a le droit de ressentir ce truc à l’intérieur.

Adulte, il s’autorisera à vivre et ressentir ses émotions et fera ses choix en étant aligné et conscient de ses décisions.

Nous pouvons poursuivre par :

« tu n’as pas envie de faire de bisou à Laura, tu as le droit, Laura est contente de te voir c’est pour ça qu’elle te dit bonjour et veux te faire un bisou. Quand tu seras prêt ou aura envie de lui dire bonjour, elle sera ravie ».

Ici, nous apprenons à notre enfant le consentement. Une valeur primordiale dans le respect de l’autre et de soi.

Nous lui apprenons aussi à observer son interlocuteur, contente de me voir = bisous et sourire. ( Ok très bien, à chaque fois que cette situation se présente j’apprends petit à petit les conventions sociales)

Ainsi nous lui enseignons à interagir, à être à l’écoute de la gestuelle, regard, posture, ton de la voix. Car oui, le message vocal si je puis dire représente seulement 20% de la communication. Les 80% restant sont ce que nous pouvons appeler paralangage ou langage du corps.

Parce que oui, respecter les autres lorsque nous-mêmes nous n’avons pas été respectés, c’est aussi possible bien-sûr même si cela demande un travail personnel ou encore ne pas se rendre compte une fois adulte que nous ne respections pas forcément les autres ou leurs choix dans les actes du quotidien.

Qu’en est-il de ces histoires d’assiettes non finies ?

Vous est-il déjà arrivé de vous dire, « ouhh, j’en peux plus, j’ai bien mangé. Je laisse ça, j’aurai un petit truc pour demain. Allez un petit dessert pour faire couler et c’est bon »

Alors ?

Ou encore, « hum, ce soir je n’ai pas trop faim, juste un bout de fromage avec de la salade et zou »

Vous voyez où je veux en venir ?

Pourquoi chez un adulte ça passe, et chez un enfant, non ?
Pensez-vous qu’il va se laisser mourir de faim ?
Qu’il va avoir des carences ou autres ?

Interrogez-vous sur : qu’ est ce qui me pousse à vouloir à tout prix qu’il finisse son assiette ou qu’il mange ?
La peur que votre enfant soit en mauvaise santé ?
Qu’il ait faim en dehors du repas ?

C’est en étant enfant que nous tissons notre rapport à la nourriture et que nous apprivoisons la sensation de satiété.

Si un enfant ne veut pas manger ou moins manger, il y a une raison. Son métabolisme n’a pas besoin d’autant à ce moment. Et c’est ok. Le corps, sait et est intelligent si on est à son écoute. Notre organisme a une merveilleuse capacité d’autorégulation et de guérison.

C’est promis, aucun de nos enfants ne se laissera mourir de faim.

Observez en tant que parent ce qui se passe en vous lorsque votre tout petit refus de manger. Quelles émotions et ressentis sont sur le devant de votre scène ? Qu’est-ce que votre petite voix vous murmure ?

Car voici, la petite voix de nos enfants lorsqu’ils sont forcés de manger ou de finir leur assiette alors qu’ils n’ont plus faim :

« mon ventre me dit non, mais maman ou papa me dit que non c’est pas vrai, que je dois continuer à manger , c’est ma maman, elle doit savoir mieux que moi » « d’accord, mon ventre ne sais pas ce qu’il me dit, alors je mange »
et son ventre lui pourrait dire : «  ahh je suis bien rond, j’ai tout ce dont j’ai besoin. Merci, j’en ai assez. Ah ?? encore ?? ohhh non alors, pourquoi on ne m’écoute pas ?! Blouuuuuccc (vomito) et si la situation se reproduit souvent, c’est la capacité de son estomac qui va s’étendre et s’étirer, pour pouvoir contenir plus d’aliments. Ce petit enfant sera amené à manger plus que ce dont son métabolisme a réellement besoin.

Cela peut par la suite entraîner des troubles alimentaires ou un surpoids.
Son estomac plus large, n’enverra au cerveau qu’il est plein qu’à un certain moment de remplissage. Sa réelle satiété et donc son métabolisme auront été trompés.

Pour finir, je dirais juste que nous sommes tous de merveilleux parents et lorsque nous ne savons pas que notre comportement peut être dommageable, eh bien c’est ok. En tant que parents nous ne sommes pas dotés de la science infuse. Une fois informés, il ne tient qu’à nous d’avancer et d’expérimenter le chemin d’une parentalité consciente.

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